~ surnom : on l'appelle Jem' ; il emploie le surnom Lucius comme nom pour ses affaires ~ âge : 29 ans ~ date et lieu de naissance : 21 janvier 1984 ~ orientation sexuelle : hétérosexuel ~ statut civil : marié, deux enfants ~ études ou métiers : liftier ; vole pour survivre ~ signe particulier : kleptomane ~ groupe : Police on my back ~ avatar: Jake Gyllenhaal ~ personnage inventé ou non : inventé
Caractère Jeremy sait depuis peu qu'il est kleptomane. Il croyait avant cela être une personne tout aussi normal qu'il est possible de l'être quand on vient d'un quartier défavorisé. Débrouillard, Jeremy a toujours compté sur lui seul, car il est perfectionniste, et persuadé qu'il ne peut avoir confiance qu'en lui-même. Jeremy est fier d'en être arrivé là où il est. Son idéal a toujours le bon père de famille tel qu'on se le représente. Mais il sait qu'il ne l'atteindra jamais. Il s'est donc toujours montré serviable. Jeremy s'est constitué une bonne image, ce qui explique que ses petits larcins n'ont jamais inquiété personne : qui irait embêter le pauvre type honnête qui sort de banlieue et qui affiche une relative réussite ? Jeremy ne s'est mis au vol qu'à cause de sa kleptomanie ; en dehors de cela, il suit un code moral strict et a des principes, comme tout le monde. Jeremy voudrait être normal, mais il n'est pas certain de pouvoir y parvenir.
Style Jeremy se sent désormais pleinement adulte depuis qu'il a un emploi régulier. Cependant, cela ne l'empêche pas parfois de s'habiller n'importe comment, comme un adolescent peu soucieux de lui-même dont l'absence de style est justement la plus grande preuve de style. En tant normal, le style de Jeremy varie selon les moments de la journée. Lorsqu'il est en repos avec sa famille, Jeremy s'habille comme n'importe quel jeune homme de son âge. Il suit la mode non pas par fanatisme, mais parce qu'il aime bien renouveler sa garde-robe depuis qu'il a un peu plus d'argent. Il croit qu'il est important de paraître bien habillé. En revanche, sur son lieu de travail, Jeremy porte les différents uniformes des hôtels qui l'emploient. Il le trouve un peu ridicule, mais il n'a pas le choix. Son habit de voleur est quant à lui très sobre. Depuis dix ans, Jeremy a conservé le même style de vêtements : du noir, du moulant, de l'industriel ultra-classique... la tenue idéale pour laisser le moins de traces possibles, tout en ne paraissant pas trop étrange – il sait qu'il a le physique adéquat pour se permettre de telles tenues.
J'te fascine hein ? Viens on parle de moi
Un matin, je me suis réveillé, et je me suis rendu compte que j'avais enfin réussi ma vie. J'avais une femme merveilleuse, Amanda, une perle à sa manière, gentille, douce, agréable. Un rayon de soleil qui illuminait mes journées. J'avais deux enfants superbes, Chloe, mon aînée, qui venait de fêter ses six ans, et Callum, le petit dernier, deux ans à peine et un sourire si agréable aux lèvres. Mieux encore : j'avais un emploi stable, que je tenais depuis déjà un an, et si le salaire que je rentrais n'était pas mirobolant, il me permettait de vivre. Car enfin, j'avais de l'argent, désormais, et c'est pour cela que j'ai réussi ma vie. À présent, je ne voyais aucune ombre planer sur mon futur. J'étais persuadé qu'il se passerait bien. La réussite avait la couleur du rayon de soleil sur mes draps ; une clarté seulement troublée par quelques grains de poussière, qui rendaient la vie si intéressante. Enfin, je me tenais à l'époque que j'attendais tant, celle que je voulais vivre absolument car ç'allait être la rupture de ma vie. J'avais hâte de faire le grand saut, de devenir une personne honnête, enfin. Je vous assure que j'en rêvais et que je le voulais très fort. Je le croyais tandis que je me levais de mon lit pour attaquer la journée. Matinée si agréable...
Mais je ne m'y étais pas résolu. J'avais cru que l'origine du problème venait de mes origines modestes. Ma famille ne roulait pas sur l'or, loin de là. J'avais trois sœurs, ce qui faisait de nous une fratrie plutôt nombreuse lorsqu'il s'agissait de tous nous faire vivre décemment. Mon père étant souvent absent, car travaillant très dur dans un métier dont je n'avais jamais compris l'intitulé, je baignais dans un univers féminin. C'est, je crois, ce qui m'a donné ma plus grande force, car je me suis toujours senti obligé pour les autres. Nous manquions un peu de superflu, et avions à peine l'essentiel pour vivre. J'ose croire que nous étions heureux. Pour ma part, je ne l'étais pas totalement, car je sentais bien que je n'étais pas comme les autres. J'avais moins qu'eux ; et si certains enfants le vivent très bien, ce n'était pas mon cas, car je me sentais étranger à eux. Et je ne voulais pas l'être. Déjà à cette époque, j'envisageais mon idéal de l'homme normal, lequel aurait eu une enfance normale. C'est pour cela, j'avais cru, que je m'étais mis à voler dès mon enfance. J'étais doué d'une convoitise heureuse dans le domaine, d'ailleurs. À l'époque, j'étais trop dénué des notions de bien et de mal pour pouvoir dire que ce que je faisais était mal ; il ne s'agissait pour moi que de rétablir un équilibre qu'on aurait oublié d'instaurer à ma naissance. Voler était si facile que je n'avais jamais considéré cela comme un acte sortant de l'ordinaire : il me suffisait de tendre la main et de prendre, et cela fonctionnait, car je le faisais en cachette car j'avais honte de ne pas être dans l'équilibre. Lorsque j'ouvrais la paume de ma main et que je voyais ce petit objet miroitant, je ressentais une joie immense. J'avais l'impression que quelque chose de bien s'était accompli. Alors je refermais la main comme pour confirmer ma prise, et j'arborais toujours ce petit sourire satisfait qui ne m'a d'ailleurs jamais quitté. C'est pourquoi je ne pourrais vous dire quand exactement j'ai commencé à voler. Mes souvenirs de petite enfance restent assez flous ; rien que des détails plutôt insignifiants, flous, anecdotiques. Voler faisait partie de ma nature ; vous souvenez par exemple de la première fois où vous avez marché ? Vous souvenez-vous même d'une fois où vous avez décidé de marcher pour le faire, alors que vous étiez tout jeune ? Voilà ce que je ressentais. Quant à mettre des mots sur ce que je faisais, je ne l'aurais pas pu si à l'école, on ne m'avait pas expliqué que ce que je faisais était mal. C'est là que j'avais compris. Mais ne croyez pas cependant que j'allais arrêter à cause d'une simple réprimande. Élève turbulent, je n'étais pas dénué de capacités, mais j'avais du mal à me concentrer en classe. Mon milieu social, disait-on. Personne ne croyait que j'allais réussir, je me plais même à penser que mes professeurs auraient parié que je deviendrais délinquant. J'en suis désormais bien loin. Cette prise de conscience est un moment de ma vie extrêmement complexe à aborder. Je devais avoir dix ans, pourtant, j'étais vif d'esprit, pour je ne sais quelle raison. L'objet de ma convoitise s'est perdu dans les méandres de ma mémoire, j'espère néanmoins le retrouver un jour afin d'illuminer mon vieil âge. Un bel objet, sans doute. Je ne me souviens pas non plus de qui m'avait parlé ce jour-là ; quoique je ne juge pas ce détail nécessaire. Je n'étais pas un esprit rationnel, et c'est là que tient toute la complexité. Je ne sais s'il est possible de concevoir proprement mes convictions de ce temps-là, mais je vais quand même essayer. Disons qu'il n'y avait nul contradiction entre ma conviction d'avant et ce que je venais d'apprendre. Le vol se parait des lumières du bien et du mal sans que j'y voie la moindre opposition. Elles semblaient seulement juxtaposées, portant sur des aspects radicalement différents. C'est comme si vous regardiez une face d'un cube, et découvriez un jour la face opposée : vous n'y voyez pas une remise en question du cube, c'est tout simplement une autre manière de voir les choses – quand je pense que cette idée m'est venue en regardant ma fille empiler des cubes, je me dis que la vie tient vraiment à peu de choses. Le cube a deux faces dont vous avez désormais conscience ; le vol en avait deux pour moi. Il avait un bien et un mal absolus, qui ne dépendaient pas de points de vue, mais étaient compris dans cette définition. Essayer de vous faire comprendre cela plus en détail serait au final vous éloigner de ce que je ressentais, car c'était une évidence même.
J'avais continué à voler, car je ne voulais pas m'arrêter. Peut-être aurait-il été plus correct de dire que je ne le pouvais pas ; j'ignorais totalement ce fait. Il faut croire que je demeurais très discret dans mes activités, car je ne me fis plus jamais convoqué pour de telles affaires. L'évolution du vol, cependant, se faisait dans ma tête, et j'acquérais progressivement l'idée que j'étais dans le mal. Il prédominait alors chez moi la conviction qu'il était trop tôt pour m'arrêter en si bonne route. J'étais allé trop loin. Désormais, je pouvais jouer les pickpockets dans la rue avec la dextérité de ceux qui font cela depuis l'enfance. J'estime que j'avais treize ans lorsque j'avais eu le courage de m'y risquer pour la première fois ; je peux cependant me tromper, il se peut que je fus plus vieux. En tout cas, je me sentais quasiment adulte à cette époque, sentiment dont je m'étais d'ailleurs défait dans les années qui suivirent. Mon adolescence n'a pas été marquée par de vraies remises en question de mon activité préférée. Il serait plus juste de dire que grandissait en moi un sentiment de plus en plus fort de responsabilité de mes propres actes. J'étais en quelque sorte parfaitement autonome, je m'imaginais pouvoir vivre seul dans la rue, mais je n'aurais pas quitté mon foyer sans y avoir été contraint, car j'aimais le confort facile. Je me sens un peu gêné en repensant à cette époque, car je me souviens que je désirais me positionner en tant qu'adulte, et que je m'envisageais déjà voleur. Mon sens moral n'était pas totalement établi. Ce fut à seize ans que les choses sérieuses commencèrent, que je cessai de me contenter de petits larcins. Je n'avais jusque là rien volé de grande valeur, ce qui me dédouanait au final de tout sentiment de culpabilité. L'heure était venue pour moi de valider ce choix que je mûrissais depuis des années. Comme je suis une personne qui désapprouve désormais le vol, je ne peux m'empêcher de m'excuser, du moins en partie. L'idée de passer à des cibles plus grosses ne venait pas de moi, mais de mon oncle. Car moi, j'étais dans cette période extrêmement malléable où on se sent déjà vieux, investi du même poids qu'un adulte, sans vraiment se rendre compte des responsabilités auxquelles on échappait. Il me semblait donc essentiel de franchir le pas. Aussi, quand mon oncle vint me proposer de le faire, je n'hésitai pas. Et aujourd'hui encore, je n'hésiterais pas non plus, car sans cela, je n'aurais jamais pris conscience de ce que je suis réellement. Il faudrait sans doute que je m'attarde plus que je ne vais le faire sur mon oncle, car c'était un personnage assez extraordinaire. Ce n'est pas par manque de temps que je ne le fais pas, mais plutôt dans votre intérêt. Voyez-vous, aussi incroyable que fût mon oncle, il n'était que peu comparé à l'autre personne à qui je dois ma liberté. Vous seriez donc déjà lassé du premier que je n'aurais même pas abordé le second. Quel dommage. Mon oncle était un petit trafiquant de drogues sans grande envergure de Camden. Je ne me suis jamais intéressé de près à son trafic, car contrairement au vol, j'y ai toujours vu une activité criminelle. L'important pour moi était qu'il faisait partie de ma famille, même si mes parents avaient peu de contacts avec lui. Il avait un caractère étonnamment doux pour une personne de son genre, mais il ne fallait pas le sous-estimer, car il était aussi l'une des personnes les plus violentes qu'il m'ait été donné de voir. Néanmoins, il s'était toujours montré très gentil avec moi, car il pensait qu'il était de son devoir de se servir de moi. Il était venu me voir à la fin des cours. J'avais beau ne pas l'avoir croisé depuis des années, je l'avais reconnu tout de suite. Il avait cet air familial que je lui connaissais bien ; je suis d'ailleurs persuadé que personne autour de nous ne se serait soupçonné des activités clandestines auxquelles il se livrait. Il m'avait emmené boire un coup. C'est là qu'il m'avait parlé de ce qu'il comptait faire. Je l'avais écouté hypnotisé, car il paraissait tellement innocent que le voir parler affaires le rendait incroyablement charismatique. Je n'avais pas pu refuser. Je m'étais laissé embarquer.
Non, je n'ai pas à regretter ce geste. Il fut certes immoral, mais je n'aurais pas pu vivre sans lui. Il m'aurait manqué quelque chose. Il faut croire que mon oncle me connaissait déjà très bien, car il savait que je ne pouvais pas résister à la perspective d'un bon vol. À la réflexion, je pense qu'il ne s'y attendait pas, mais qu'il a vu la lueur dans mes yeux s'allumer alors qu'il me parlait du braquage. Si je me souviens bien, il prenait des pincettes au début pour me parler, alors qu'à la fin, il osait parler plus fort, certain qu'il était d'être couvert par l'abominable musique qui passait à fond dans la salle. De l'électro, il me semble, et c'est bien un son que je déteste. Quelques semaines plus tard, je m'étais faufilé dans une tenue noire, qui n'était pas encore le modèle exact de ce que je porterais par la suite. Mon oncle m'avait glissé une cagoule, mais il ne m'avait pas remis d'arme au cas où tout tournerait mal. Je ne me sentais pas inquiet, alors que j'aurais dû l'être, comme étaient nerveux les hommes de main de mon oncle ; je pensais que j'ignorais ce qui m'attendait, et que ça devait être ma grande force. Mais non, en vérité, la perspective de voler m'enchantait profondément, sans même que je le sache. Je ne serais pas seul, il serait avec moi, mais ce n'était pas nous qui ferions le pire du travail, car nous n'avions qu'à entrer dans la boutique – une bijouterie – une fois qu'ils auraient fait le sale boulot. La raison pour laquelle il avait fait appel à moi me semble assez étrange. À l'époque, je ne m'en étais pas inquiété ; mais à sa mort, j'avais voulu savoir ce qui l'avait poussé vers moi, et je n'avais pas trouvé. J'avais des hypothèses, cependant. Au fond de moi, je m'étais demandé s'il n'avait pas l'intention de me livrer en pâture aux lions. Mon oncle n'était pas un spécialiste des vols : il avait trouvé la mort quatre ans plus tard lors de son troisième braquage. Il devait donc y recourir lorsqu'il était dans une situation financière difficile. On aurait pu croire que j'aurais gardé une vision précise de ce qui s'était passé. Eh bien non. En fait, tout me revient par flash. Je sens encore ma main retenir la porte de la bijouterie pour faire passer mon oncle. Un bref contact du métal précieux contre mon gant. Le vendeur était terrifié, mais je ne revois pas son visage. Je lui avais adressé un sourire qui s'était perdu dans les plis de ma cagoule. Et puis sortir, ressentir le vent frais, et se dire que c'était décidément bien agréable de s'approprier ce qui était à d'autres. Plus tard, mon oncle m'avait donné ma part du butin : quelques centaines de livres. Ce n'était pas beaucoup, mais je n'en exigeais pas plus. En revanche, je me souviens très bien être revenu sur le lieu du crime le lendemain. La bijouterie était sous clé. Je reconnus le vendeur à son visage triste. Il regardait la vitrine défoncée. Je lui avais parlé. Il n'avait jamais entendu ma voix, alors il ne m'avait pas reconnu. Ce fut l'une des discussions les plus agréables de ma vie. Elle est trop personnelle pour que je vous la raconte.
J'avais reçu la plus importante des leçons de ma vie. Il m'avait montré ce qu'était exactement le vol, la troisième face que je n'avais jamais vue, et que j'avais imaginé sous des couverts bien plus joyeux. J'aurais pu en pleurer. Il en aurait fallu plus que cela pour me détourner de mon penchant. Je me dégouttai. Je me sentais comme les toxicomanes qu'entretenait mon oncle. J'ai donc fait mon serment, celui qui fut ma ligne de conduite, et auquel je rêvais de mettre un terme à l'aube de mes trente ans. Cela ressemblait à un contrat que je passais avec moi-même. Tel était-il : je ne rejetai pas le vol. Je n'avais pas encore conscience de mon addiction au vol, je me croyais plutôt drogué au désir d'une vie meilleure. Le vol n'était pas mauvais tant que j'avais des raisons de le pratiquer. Et, croyez-moi, j'en avais : j'étais jeune, sans argent, et je préparais mal mon avenir. J'étais destiné à devenir ce que je préfigurais déjà : ce délinquant minable qui volerait parce qu'il n'avait que cela à faire. Moi, je volerais pour survivre. Et lorsqu'enfin, je serais dans une situation enviable, j'arrêterais, tout simplement. Jamais je n'ai remis en doute cette règle de vie.
Les années suivantes furent assez ennuyeuses. Je ne reçus finalement pas de diplôme, ce qui me contraria grandement. J'avais été recalé à cause de mon manque de discipline en classe. J'avais donc enchainé des petits boulets au salaire misérable. La plupart du temps, je volais ces petits objets du quotidien dont j'avais besoin. Et je me livrai à trois braquages bien organisés, en dehors de la tutelle de mon oncle, lequel mourut bientôt. La somme n'était pas considérable, car mes cibles n'étaient pas grosses, mais suffisantes pour vivre.
Ce qui suivit n'est peut-être pas un élément fondateur, mais il est important, car j'y ai risqué plus gros que jamais dans ma carrière, et ce notamment parce que j'avais quelque chose à perdre. Je devais avoir vingt-deux ou vingt-trois ans ; c'était la période où ma douce femme était enceinte de ma petite Chloe. Si les circonstances de ma rencontre avec ma femme sont trop banales pour être racontées, je pense qu'il s'agit d'un des meilleurs choix que j'ai fait de ma vie. À nous deux, nous commencions à avoir suffisamment de revenus pour que nous songions à nous installer définitivement. J'étais heureux de fonder une famille, mais je n'étais pas prêt à abandonner ma pratique du vol, que je n'avais pas avoué à ma femme parce que j'ignorais comment elle le prendrait. Quand tout cela sera bien fini, et que je serai un mari modèle, je me confierai à elle, et elle sera bien obligée de m'aimer. Ce sera notre test, alors je crains de le passer trop tôt. Je veux passer ma vie avec elle. Le bonheur se profilait, mais l'argent manquait encore. J'avais donc décidé d'attaquer un magasin de marques pour voler des habits pour ma future petite fille. C'est très mignon, vous le reconnaîtrez. Et pourtant, j'ai failli y laisser ma vie, aussi bien dans le sens littéral que dans le sens figuré. Littéral, tout d'abord, car un employé avait voulu me tirer dessus – par quel miracle il possédait une arme, je l'ignorais, mais je peux vous assurer que j'ai bien senti la balle m'effleurer. Figuré ensuite parce que j'avais été soupçonné. Il faut dire que j'avais commis une erreur extrêmement bête : j'étais venu quelques jours plus tôt dans le même rayon, où j'avais effectué mes repérages. Jusqu'ici, tout allait bien, mais le vigile m'avait repéré parce que physiquement, on voyait trop que je venais d'un quartier populaire. C'est pour cela que je fais des efforts pour m'habiller aujourd'hui. Je vous l'accorde, l'histoire est ridicule. Et pourtant, c'est l'événement le plus dramatique de ma vie. J'aurais pu rester de marbre, mais lorsque je les vis faire des patrouilles dans mon quartier, je sentis que les choses allaient très mal tourner si je n'intervenais pas. Cependant, j'avais une solution toute trouvée, et cette solution s'appelait Thomas. J'étais donc allé frapper à sa porte un soir et il m'avait reçu chez lui alors que je ne l'avais pas vu depuis sept ans. Entre temps, le jeune homme avait bien grandi. Thomas est cette personne extraordinaire dont je vous parlais tout à l'heure. La plus extraordinaire à vrai dire que je connaisse. Il était semblable à son père, mais le dépassait de loin. Il avait repris assez jeune l'affaire de son père, mais il y avait réussi avec brio. Sa principale qualité était son sens des affaires redoutables : il parvenait à négocier avec des personnes pourtant dures en affaires sans que celles-ci ne se rendent compte qu'ils les avaient grugées. Thomas comportait donc une part de génie indéniable. Comme son part, il avait un caractère très changeant, quoique moins doux. Il était d'un calme effrayant, mais s'énervait presque aussi fort que son père. Et surtout, Thomas savait se défendre ; sa grande spécialité était de flanquer des raclées à quiconque s'opposait à lui, et je suis bien heureux d'y avoir échappé jusqu'alors. Thomas était manipulateur, mais je ne pense qu'il soit mauvais. En tout cas, il a quelque chose que son père n'avait pas : un sens de la famille développé. Il suffisait donc que je sois de sa famille pour que Thomas me vienne en aide. Il m'avait écouté, puis interrogé avec une rigueur incroyable. Et c'est là qu'il avait élaboré sa solution, sur sa chaise de cuisine en plastique. Il s'était occupé de tout, et quelques jours plus tard, le voleur avait été arrêté par la police. Mais ce n'était pas moi.
Voilà pourquoi j'ai une immense gratitude pour Thomas : il m'a aidé à conserver ma liberté. Cette pensée me trottait dans la tête pendant les premières minutes où je voyais ma fille. Ce minuscule petit être se tortillait sans savoir que j'avais bien failli ne pas la voir. En échange de son aide, Thomas ne m'avait rien demandé en particulier, si ce n'est mon silence, et la promesse que je lui viendrais en aide lorsqu'il en aurait besoin. De temps en temps, j'effectuais de petits travaux de vol à son compte, mais je ne considérais pas cela comme un vrai remboursement de dettes, et lui-même non plus, d'ailleurs. Qu'avais-je fait depuis ? Tant et pas grand chose. Ces années furent très riches d'un point de vue personnel, mais j'ai si peu à raconter. Faire la liste de tous les petits boulots que j'ai exercé n'apporterait rien, mais j'ai progressé. Tout a décollé le jour où je suis entré à la poste. J'ai travaillé si bien que j'ai vite gravi les échelons. Puis, un an avant ma résolution, j'étais entré dans le monde du luxe. J'avais trouvé un poste de liftier, puis un deuxième pour compléter, et enfin un troisième où j'effectuais les remplacements. Pour la première fois de ma vie, je me sentais important et, miracle, un salaire régulier rentrait. Ma femme n'était pas en reste. J'aime mon travail, je vous assure. Certains peuvent penser qu'il est ennuyeux de faire figuration dans un ascenseur toute la journée. La fascination des boutons m'aidait beaucoup. Les gens n'étaient pas forcément hautains ; certains prenaient la peine de discuter, mes contacts devenaient de mieux en mieux côtés. Mais je ne renierais pas Thomas et son monde.
Ce qui est assez étrange, c'est que j'ai fini par prendre même l'accent de ces gens que je fréquentais. Mon cœur, lui, est resté libre de toute influence. Je sais ce qui s'est passé, et aujourd'hui, je sais également le dernier mot de l'histoire. Moi, je sais. Mais pas vous.
il fallait bien que le masque tombe
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